Recrutement dans la police


«Niveau collège», «ils perdent facilement leurs moyens et deviennent agressifs car ils n’ont pas le langage suffisant pour argumenter», «on est à la limite du phonétique»


Une enquête accablante dans Le Parisien sur les recrutements dans la police. Le Régime autoritaire embauche tellement de forces de l’ordre que, mécaniquement, les critères pour être pris sont encore plus bas qu’avant. Avec toutes les conséquences que cela comporte, notamment en terme de passages à l’acte violents. Morceaux choisis :

«Les grilles d’évaluation ont été revues à la baisse ces dernières années pour éviter les notes éliminatoires […] Lors de leurs examens, les policiers peuvent désormais oublier une signature ou la date sur un procès-verbal et ne perdre que quelques points. Pourtant, c’est une erreur qui entraîne la nullité d’une procédure. Ce nivellement par le bas se répercute directement sur le terrain en Île-de-France, ceux qui arrivent dans les commissariats franciliens sont généralement dans les derniers de leur promotion.

Près de dix fois plus de postes ont été ouverts pour un nombre de postulants sensiblement égal. […] Un rapport du Sénat de novembre 2019 pointe ce problème. Il «s’inquiète de la capacité des forces de sécurité à réaliser, au cours des prochains exercices, les schémas d’emplois prévus (NDLR : les recrutements) sans abaisser de manière trop importante la qualité du recrutement. «Le niveau des moins bons admis n’a fait que baisser au fil des années, soupire un membre du jury. On doit honorer la commande. Emmanuel Macron a promis 10.000 agents durant son mandat. On va y parvenir, mais à quel prix… Il y a encore cinq ou six ans, on n’aurait pas pris en dessous de 9/20, depuis deux ans on descend à 7 ou 8/20, assure un autre formateur. 12 c’est déjà très moyen, alors 7… C’est du niveau collège.»

Selon les formateurs, la maîtrise de la langue et de l’écrit est particulièrement préoccupante. «Quelquefois on est à la limite du phonétique». «Une part des stagiaires ne sait pas s’exprimer clairement, appuie un troisième formateur. Ils perdent facilement leurs moyens et deviennent agressifs dans une discussion car ils n’ont pas le langage suffisant pour argumenter». Le niveau sportif aussi est décevant. « Sur le test d’endurance exigé, des stagiaires affichent des performances en deçà de la moyenne d’un ado en classe de 6e Ils devraient être inaptes et malgré cela, ils sont aujourd’hui policiers. […] Des contrôles peuvent déraper à cause de ça.»

«Sur la promotion 2020, plusieurs signalements ont été remontés par les formateurs. «Près de 150 stagiaires n’avaient ni le niveau d’implication, ni le bagage physique, technique ou intellectuel pour devenir policier […] Pourtant, seulement huit exclusions et deux redoublements ont été enregistrés. La formation coûte cher à l’État, alors pour refuser un élève, il faut vraiment que son cas soit gratiné. Sur les dernières promotions, des élèves ayant commis des délits ont même été admis».

Le plus inquiétant, ce n’est pas seulement que des analphabètes soient surpayés et aient un pouvoir quasiment total sur la vie de leurs prochains, ni même que la baisse délibérée du niveau de recrutement fasse rentrer, de fait, les plus violents, les plus obéissants, les moins conscients. Le plus inquiétant, c’est que ces individus soient lourdement armés, au sein d’unités militarisées auxquelles le gouvernement donne carte blanche.

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